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des concerts et de l'ensemble
Le Monde selon Mozart (janvier 2023)
Chef et metteurs en scène complices... pour diriger un ouvrage de Mozart qui n’existe pas !
C’est un coup de foudre artistique qui se produisit en 2019 lorsque je fus associé, un peu par hasard, à François de Carpentries et Karine van Hercke. De notre collaboration toute de gaité autour des Paladins de Rameau résulta une amitié profonde ; une amitié, et une exceptionnelle complicité artistique !
Car un chef ne peut rêver mieux que de travailler main dans la main avec des personnalités si respectueuses de l’oeuvre, si musiciennes, si pleines de sens théâtral, et si riches de fantaisie joyeuse. Ce fut, à chaque pas, une inspiration et une émulation mutuelle.
Nous étions impatients de retravailler ensemble, et c’est chose faite grâce à cet ouvrage de Mozart… qui n’existe pas ! Un Singspiel imaginaire, cousu d’airs et d’ensembles que la postérité a un peu trop négligé - fussent-ils du divin Mozart… Vous y retrouverez le monde de Karine van Hercke et François de Carpentries,
plein de couleurs et de fantaisie, autour d’une fable loufoque, un peu grinçante, poétique, et morale - et une musique pétillante que l’on croirait écrite pour eux. Nos solistes-chanteurs-acteurs-dieux facétieux et l’orchestre plein de feu ont à coeur de vous en révéler les mille facettes, dans un spectacle qui enchante les grands comme les petits.
Alexis Kossenko

Coup de foudre pour un compositeur oublié
Ma rencontre avec Eugène Walckiers (1793-1866) fut de celles qui rendent enthousiaste, voire euphorique. Il faut dire que le personnage est sympathique ; pince-sans-rire au premier abord, avec ses airs de savant fou au regard pétillant…
Il y a une bonne dizaine d’année qu’un ami altiste me parla de lui, en me disant « c’est vraiment de la très bonne musique, tu devrais t’y intéresser ». A première vue, le catalogue de Walckiers ressemblait fortement à celui de la plupart des compositeurs-flûtistes du XIXème siècle, mais je fus vite surpris d’y trouver une audace inhabituelle, des phrases d’un lyrisme incroyable, des modulations surprenantes, des ruptures théâtrales, une véritable inspiration doublée d’humour, d’esprit, d’une spiritualité gaie qui paraît capable de grandes choses et qui pourtant semble vouloir ne pas se prendre trop au sérieux, rester modeste, et procurer avant tout plaisir et amusement aux musiciens.
On note aussi une grande minutie dans l’écriture, raffinée dans tous ses détails d’articulation et de nuances – il doit avoir supervisé la gravure avec soin car les éditions originales comportent exceptionnellement peu d’incohérences ou de fautes. Mais encore, les indications de caractère dont il parsème ses œuvres sont d’une grande justesse : largement ; en chauffant ; avec beaucoup d’expression ; avec mollesse ; chauffez ; suave ; avec énergie ; doux et avec franchise ; délicatement ; expression imitant les sanglots ; avec mélancolie ; avec âme ; avec passion ; coup de langue moelleux ; avec un gracieux balancement et un peu d’abandon ; sans nuancer ; avec une expression naïve ; le son un peu déployé ; ou encore : chacune de ces doubles croches doit être pointée sur la note qui la suit à la manière des bons chanteurs italiens. Ce Portamento qu’on ne fera qu’à peine sentir exige une délicatesse, un art extrême.
Par ailleurs, sa méthode pour flûte est un modèle du genre : supérieurement rédigée, avec une finesse, une psychologie, une subtilité dans les termes choisis et l’approche musicale, sans parler d’un esprit didactique tout à fait hors normes.
Alexis Kossenko
Cantates de Bach (9 décembre 2022)
La valeur exceptionnelle des oeuvres sacrées de Johann Sebastian Bach n’est aujourd’hui plus à prouver : sa grande messe en si mineur, Les passions, le Magnificat, l’Oratorio de Noël sont des piliers de notre culture musicale.
On sait bien aussi l’importance qu’eut dans sa vie la composition de cantates, d’un format généralement plus modeste que les oeuvres sus-citées, mais qui rythmaient sa vie quotidienne. C’est le genre musical liturgique le plus commun. S’il est admis aujourd’hui que Bach composa environ 300 cantates d’église (dont un tiers est perdu), cela reste assez modeste si on le compare aux 900 cantates de Stölzel, 1300 de Telemann, 1450 de Graupner, 2000 de Krieger…
Malgré tout, ce corpus de cantates reste, aujourd’hui encore, bien moins connu qu’il mériterait. Certes, plusieurs intégrales au disque (Harnoncourt, Gardiner, Suzuki, Kuijken et j’en oublie) ont mis à notre disposition un choix d’enregistrements ; des projets de cycles complets se sont mis en place dans certains centres musicaux en Europe. En France, pourtant, en dehors de quelques grandes cantates un peu emblématiques, on les distingue mal les unes des autres ; elles restent une sorte de grand corpus où l’on fouillerait de temps à autre pour en prendre une ou deux au hasard…
Convaincu que chacune de ces pages est un miracle musical et qu’elle mérite d’être entendue par tous, comprise, goûtée, retenue, j’ai conçu le projet un peu fou de parcourir, traverser, explorer l’ensemble de ces oeuvres ; je suis animé par le sentiment que c’est là un pèlerinage que je me dois d’accomplir, sans lequel ma vie musicale et spirituelle serait très incomplète…
Alexis Kossenko
